À VOS CERVEAUX
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L'idiocratie

ou, la crétinisation du monde

Posté dans Sujets de société — le 10 juin 2015

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Idiocratie. Ce mot est peut-être nouveau pour vous, mais il est utilisé dans certains milieux pour décrire notre époque depuis un bon moment. Idiocratie, crétinisation, stupidisation, tittytainment, légèreté, barbarie… Si vous ne connaissez pas ces mots, ne vous en faites pas, nous les définirons dans quelques lignes. Vous avez peut-être remarqué que le niveau intellectuel moyen dans la société est en baisse ces dernières années. Ce n’est pas un hasard, et voici pourquoi.

L’idiocratie, c’est d’abord rendre les gens idiots

Qu’est-ce qu’un idiot ?

Revenons à l’étymologie comme d’habitude, qui dérive d’un mot du grec ancien ἰδιώτης, idiốtês (« homme vulgaire, sans éducation, sot, qui ne participe pas à la vie politique de sa Cité »), de la racine ἴδιος idios (« propre », « particulier »).

Cette étymologie est extrêmement intéressante, parce qu’on peut retenir que l’origine du mot idiot renvoie à quelqu’un qui n’a pas de vraie éducation, qui est apolitique (non-politisé), et que le mot dérive d’un mot qui renvoie à propre-particulier, donc qui tend vers le sens d’ « aux préoccupations individualistes ».

Le sens général qu’on accorde au mot « idiot » aujourd’hui renvoie à la légèreté, la faiblesse d’esprit, le mélange des mots, la faiblesse des nuances dans la compréhension des choses.

Le « tittytainment » et la société 20/80

Zbigniew Brzezinski (ou « Zbig » pour les intimes), conseiller de Jimmy Carter lors de son mandat de président des Etats-Unis, puis co-fondateur de la Commission Trilatérale (avec David Rockefeller) en 1973, a forgé un nouveau concept vers les années 1990, qui s’implantera petit à petit dans le monde entier, de façon toujours plus envahissante : le tittytainment. Définition : un néologisme (nouveau mot) provenant de la contraction de « Titties » (seins) et « Entertainment » (divertissement), donc : des seins et du divertissement. S’il est dit que « Titty » renverrait à l’idée que les seins produisent le lait maternel qui a pour effet d’endormir, on pourrait aussi accepter le sens second, sexuel celui-là.

Donc, l’idée générale du tittytainment, est de submerger les citoyens dans un flux continuel de divertissement, de seins (sexualité), et de seins (lait maternel qui endort : on pourrait aussi penser à toutes les substances qui ont un effet sédatif sur le corps : sucres et amidons, gras, alcool, etc.)

Mais pourquoi donc, endormir, Monsieur Brzezinski ? Réponse : À cause, dit-il, de l’avènement de la « Société 20/80 » ; cette société qui se met en place dès les années 1980, dans laquelle les taux de productivité réelle explosent, et dans laquelle Zbig constate que 20% de la population seront dorénavant réellement utiles à la reproduction de l’économie, alors que les autres 80% occuperont des postes inutiles, n’auront pas d’emploi, ou carrément, seront dans la misère, mais ne trouveront tout simplement plus de signification dans leur travail. Dans un climat d’ennui chronique et malsain, il faudra donc divertir massivement ces 80%. C’est la fable, suggérée du moins, qui expliquerait les motivations de Zbig.

Or, ça ne se tient pas vraiment, parce qu’au vu de la culture qui fut créée dans les âges qui nous ont précédés, l’homme en aurait pour plusieurs vies à tenter de tout lire, tout entendre, tout voir, tout contempler, des civilisations et des civilisations. Ainsi, produisant une société d’érudits, ou de personnes cultivées plutôt que crétinisées, le 80% aurait pu échapper à l’ennui. Or, ce qui différencie l’un de l’autre, c’est surtout qu’une masse crétinisée s’en laisse beaucoup plus passer qu’une masse érudite. Et c’est cet aspect de manipulation et de contrôle que nous traiterons en conclusion.

La dérive universitaire vers le spécialisme : « l’enclosure de l’esprit »

L’école en général, tel qu’on en parle dans l’ « Universalite », s’oriente, de réforme en réforme, vers une spécialisation des programmes, vers des visions microscopiques de la réalité, plutôt que des visions globales où les étudiants, après des années sérieuses d’études, deviennent assez bons connaissants dans la majorité des disciplines, cela leur permettant de mieux comprendre la signification de leur discipline, car toute discipline est liée aux autres, le monde réel n’étant qu’un, ce qui fait que chaque discipline traite toujours le même monde réel, seulement dans un angle différent. Quoi que l’on fasse à l’école, on part toujours, tous, de la même réalité, pour se poser des questions dans des domaines précis. Voir à ce sujet, un excellent vidéo de 2 minutes où Marcel Pagnol met en garde, en 1958, contre les dangers du cloisonnement des disciplines, et de la « spécialisation », et de la création des « experts », qui selon lui, est un facteur de crétinisation, parce qu’un érudit ne peut être que quelqu’un qui conçoit la réalité dans sa globalité, et dans la multiplicité des domaines qui forment sa complexité, l'objectif ultime étant de devenir un polymathe, c'est-à-dire quelqu'un qui maîtrise au moins sommairement tous les champs de la connaissance.

Vidéo : Marcel Pagnol explique que la spécialisation est dangereuse. URL: https://www.youtube.com/watch?v=7LGeLaSaq0w




Bruno Lussato qui dénonce, en 1987, que l’on aille vers la crétinisation générale

Cette vidéo est très importante, elle est le centre de cet article.

Vidéo : A vos cerveaux présente des extraits d'une émission de 1987 sur la crétinisation. URL: https://www.youtube.com/watch?v=S79CyvxdUw8




Triomphe de la Société du spectacle et la télévision crétinisante

Dans les segments d’émission où M. Lussato s’exprime notamment, il y est exprimé à un moment l’idée que la diversification de l’offre télévisuelle et la multiplication du nombre des chaînes de télé pourrait être un rempart à l’imbécilisation, étant donné que les gens auraient maintenant le choix entre des émissions intelligentes, et des émissions stupides. Or, même si avec certaines télé on peut avoir accès à 900 canaux aujourd’hui, on a pu se rendre compte que, depuis 1987, la télévision en général a suivi une courbe d’imbécilisation toujours croissante, ce qui fait que la télé est rendue encore plus stupide qu’à cette époque.

La télévision crétinisante, c’est celle qui est venue avec les émissions de télé-réalité, qui sont des émissions par essence complètement vides, au niveau éducatif. Elles sont des émissions de compétitions, qui mettent en scène des gens ordinaires, à qui on fait faire tout et rien : chanter, danser, flirter, etc.

Normalisation, Banalisation, Mode de la stupidité

D’autres émissions ou événements, comme « Jackass », ont eu pour effet de normaliser le crétinisme. Des slogans aussi, comme celui de la marque Diesel : « Be Stupid »

Figure : Publicité Be Stupid de DIESEL. (OUI, cette publicité est bien réelle.)

Il y a également les médias-trolls, qui sont une ode à la stupidité et au crétinisme, en imaginant de faux titres de nouvelles souvent purement débiles. Il y a également des nouvelles réalités médiatiques comme « le sac de chips » ou « trouble voir » ou « le gorafi » etc., qui sont, très souvent, stupides. Stupides parce qu’ils ne sont pas dans la nuance intelligente, mais dans la caricature émotionnelle.

Rappelons-nous qu'il y a seulement dix ans, la stupidité était encore beaucoup moins banalisée et les limites acceptables de la connerie étaient plus strictes. C'est-à-dire que : lorsque quelqu'un faisait une connerie, on le stoppait atteint un certain seuil en lui disant que ce n'est plus drôle et que c'est juste vraiment stupide, en ayant une attitude de dégoût et de mépris à son égard. Auparavant, les gens dépassant un certain niveau de connerie étaient éventuellement écartés, parce que considérés comme trop cons. Aujourd'hui, on peut même se demander s'il y a encore ce genre de seuil où ça n'est plus possible. On dirait, parfois, que la stupidité profonde n'a vraiment plus aucune limite, tant elle est banalisée et, même, encouragée.

D'ailleurs, pour la petite anecdote, avez-vous remarqué que Facebook est rendu saturé de vidéos? Bientôt, on n'aura plus besoin de savoir lire, mais seulement savoir appuyer sur l'écran pour que commence la lecture du vidéo. Mais ce n'est pas grave, parce que certains gouvernements occidentaux prévoient de supprimer la calligraphie à l'école, donc petit à petit... à quoi bon savoir lire s'il n'est plus nécessaire de savoir écrire.

Conséquences de la crétinisation délibérée

- Acculturation / Déculturation : Perte des repères, des références culturelles, éloignement des lectures classiques, l’ « information utile » n’est plus connue, alors que l’information futile/inutile devient très connue.

- Animalisation : Les individus sont ramenés à un état proche de leur animalité : dans le ludisme, cherchent à répondre à leur besoins physiologiques directs. Ainsi, bouffe, sexe, plaisir, sans plus grande réflexion structurée et approfondie sur la vie en se référant à des repères culturels. Un estomac prolongé d'un sexe, comme certains diraient. On s'éloigne beaucoup, dès lors, des notions d'âme ou, dans un cadre plus religieux, d'être fait à l'image de Dieu.

- « Ensauvagement » : La courtoisie, l’étiquette, et les bonnes manières sont également une partie de la culture. Lorsque l’on perd les références culturelles, on perd également ces références. Cela a pour effet de rendre les rapports sociaux plus rigides et moins fluides et agréables dans la vie de tous les jours, en public (dans l’auto, dans la rue, au magasin, etc.)

- Manipulation et contrôle des « masses » facilités : Un individu « idiot », donc apolitique et qui ne s’occupe que de son nombril, est forcément mieux manipulable, car il ne comprend pas la société (parce que quelqu’un qui comprend la société est automatiquement, d’une façon ou d’une autre, politisé).

Conclusion : Vous savez maintenant que certains haut placés veulent votre crétinisation. Solutions :

La réinformation, la reculturation, le recentrage sur les grandes idées humaines, intemporelles, sont nécessaires, du moment que vous avez pris conscience que vous vous faites avoir par des gens qui profitent de vous en gardant votre cerveau dans un état d’endormissement par le divertissement sans fin.

Ce processus doit se faire, par exemple, en fréquentant des sites comme À vos cerveaux, où on veut faire une synthèse générale (un résumé, un grand collage), de tout ce qui est important à savoir à ce niveau. Aussi, faire confiance à son propre cerveau, son propre esprit, et ne pas avoir peur d’écouter des films plus complexes, ou des livres plus classiques. La lecture de ces livres pourrait être plus difficile au début, mais on s’habitue très vite, à mesure que notre niveau de culture augmente ; notre vocabulaire augmente aussi, notre capacité à nuancer les mots, à bien identifier la signification de chaque phrase, etc. Bref, c’est avec des œuvres de qualité que l’on se bâtit une culture et une pensée de qualité. D’où le nécessaire retour aux grandes œuvres. Éviter donc, les gros livres « best-sellers » traduits sur un coin de table, sans finesse ni vraie culture. S’intéresser aussi aux grandes questions de la vie. Ce qui caractérise l’homme, c’est que c’est la créature qui se pose quotidiennement les questions existentielles, et tente, par ses actions et ses réflexions, d’y trouver un sens. C’est, ici, toute l’histoire de la culture humaine qui est résumée, qu’elle soit artistique, scientifique, philosophique…

P.S. : Vous pouvez aussi regarder le film « Idiocratie » (lien IMDB) sorti en 2006-2007. Les auteurs placent le scénario en 2500, mais avec un peu de perspicacité, vous vous rendrez compte que l'époque dont il est vraiment question, c'est la nôtre.




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